marți, 11 septembrie 2007

Mohammed Atta, unul dintre atentatorii de la WTC, a utilizat un număr de telefon din România



VIA LIBERATION. 11 Septembre : des listes, des pistes mais pas de suites
En 2001, le FBI a détaillé l’ensemble des contacts pris par les 19 terroristes avant les attentats. Depuis, rien.

Par Fabrice Rousselot

Un rapport classifié du FBI sur le 11 sep­tembre, jamais été rendu public, livre de nou­velles informations sur le niveau d’organisation des pirates de l’air et sur les complicités dont ils ont bénéficié. Ce document de 198 pages, dont Libération a obtenu copie, porte le titre Twinbom-Pentbom, une appellation officielle qu’on peut lire sur d’autres synthèses du FBI au sujet des attentats ­contre le World Trade Center et le Pentagone. Mais là, elle est précédée d’une référence administrative plus précise : 265D-NY-280350.
Dans l’abondante littérature consacrée à ces attentats, ce numéro n’apparaît qu’une seule fois, dans le rapport final de la Commission américaine sur le 11 septembre, rendu en juillet 2004, à l’intérieur des notes annexées au texte principal, celles qui répertorient l’ensemble des sources consultées pour la circonstance. Sans autre précision. Et sans que la commission ne détaille, ni n’exploite le contenu.
Sous-titré Biographical report, le rapport énumère ­toutes les activités significa­tives des 19 pirates de l’air dans les dix-huit mois précédant les attentats : numéros de téléphone, déplacements, opérations bancaires, rencontres avec des complices ou des amis, adresses utilisées, tout y est. En 19 chapitres, un par terroriste. Et aucune contrainte géographique ou technique ne paraît avoir fait obstacle à ce travail de renseignement. Que ce soit les virements bancaires ordonnés par les terroristes entre des banques du Golfe Persique et d’autres en Afrique, ou les lignes téléphoniques enregistrées aux Emirats Arabes Unis qu’ils utilisaient. Tout cela, dans des délais records, puisque cette compilation a été achevée le 26 novembre 2001. Deux mois et demi après les attentats.
Réseau dormant. Près de six années après sa rédaction, une lecture scrupuleuse laisse donc perplexe au regard des pistes de recherche que ce rapport ouvre et dont nous ignorons si elles ont été suivies par des enquêteurs. Par exemple, entre les pages 25 et 32 du rapport, consacrées au parcours de Saeed al-Ghamdi. On découvre que ce terroriste, né le 21 novembre 1979 en Arabie Saoudite, transférait des fonds au profit d’un résident sud-africain, Martin Ofo. Entre le 18 et le 22 avril 2001, il lui a viré un total de 12 375 dollars, depuis une agence de change saoudienne basée à Djedda, vers un bureau du quartier Carlton Centre, à Johannesburg. A ce jour, aucune information n’a été rendue publique sur le rôle de ce Martin Ofo dans la vie et les activités d’Al-Ghamdi. La Commission sur le 11 septembre n’en dit rien non plus.
Les cas de Nawaf al-Hazmi et de Khalid al-Mihdhar étonnent également. Ce sont des membres du groupe qui a détourné le vol 77 d’American Airlines pour le précipiter contre le Pentagone. Ils s’étaient installés en janvier 2000 en Californie, en provenance d’Asie du Sud. Sans aucune expérience de la vie américaine, et sans même maîtriser la langue. La commission, dans son rapport de juillet 2004, s’était montrée réticente à accepter une théorie de la CIA, fondée sur des ­interrogatoires menés à Guantánamo, selon laquelle les deux hommes s’étaient établis sur la côte Ouest des Etats-Unis sans l’aide d’un complice, ou d’un réseau dormant. Page 215 de leur texte, les auteurs de la commission jugent cette éventualité peu crédible. Or, le rapport clas­sifié du FBI de novembre 2001 cite des noms de personnes ayant été en contact avec eux - par exemple Ali al-Edreesi, né le 20 septembre 1970, sans que l’importance de leur relation n’ait été par la suite déterminée.
Guerre. Le cheminement du chef opérationnel des pirates, Mohammed Atta, connaît lui aussi ses parts de mystère. Dans la liste des téléphones qu’il a utilisés figure un nu­méro en Roumanie, sans que l’on connaisse les résultats d’éventuelles re­cherches à ce propos. Tout comme un autre numéro international, un mobile - le + 17 943 755 60 -, dont on ne sait à quelle fin Atta l’employait, ni pour contacter quel type de complice ou de soutien.
Après le 11 septembre, ce rapport a été rédigé dans la perspective de procédures judiciaires. Il porte d’ailleurs la marque réservée à la protection des pièces susceptibles de servir à une instruction criminelle ( Law enforcment sensi­tive grand jury material). Cependant, peu après, la Maison Blanche a décrété qu’une campagne militaire serait plus appropriée pour répondre à l’attentat contre les tours jumelles et le Pentagone, lui-même interprété comme une déclaration de guerre à part entière. Plus question dès lors de procé­dure pénale spécifique. Par ailleurs, dans les mois qui ont suivi, le Congrès a validé la loi du Patriot Act instaurant notamment la coopération entre les services de police judiciaire et les services de renseignement. Aussi, les multiples axes de recherche identifiés dans les 198 pages du FBI ont-ils vraisemblablement provoqué des compléments d’enquête, mais dans la perspective d’alimenter des démarches politiques et militaires (propre à mener la «guerre contre le terrorisme»), et non dans l’optique d’un procès public.
Posture. Pareille évolution explique que Khaled Sheikh Mohammed, interpellé au Pakistan et considéré comme le cerveau du 11 septembre, soit détenu par les autorités américaines à Guantánamo et pas une prison civile. Et que ses interrogatoires soient menés par la CIA et non par un procureur. Cette situation nous em­pêche notamment de découvrir quelles relations entretenait Khaled Sheikh Mohammed avec Mustafa al-Hawsawi, chargé de gérer plusieurs opérations ban­caires aux Emirats Arabes Unis sur des comptes ouverts à la Standard Charter Bank de Sharjah et de Dubaï.
Une telle posture juridique - amplement assumée par l’exécutif américain - explique les zones d’ombre et l’absence d’informations publiques venues les éclairer depuis six ans mais ne dit pas que le FBI a cessé de s’in­téresser à ces dossiers. Au contraire : depuis la directive présidentielle du 12 septembre 2005 réformant le FBI, celui-ci contient une structure dédiée aux atteintes à la sécurité nationale (la National Security Branch). Elle est chargée de piloter l’ensemble des missions sur le terrorisme et ses résultats remontent en particulier vers la direction du renseignement du FBI, en relation étroite avec l’ensemble de la communauté américaine du renseignement.
Selon Robin Gazawi, représentant le FBI auprès de l’ambassade des Etats-Unis à Paris, l’agence fédérale «continue de rechercher tous les membres d’Al-Qaeda et leurs alliés qui ont rendu possible la planification et l’organisation d’attaques terroristes aux Etats-Unis». Mais les résultats de ces investigations ne sont pas destinés à compléter la connaissance du citoyen américain sur le 11 septembre. Pas pour le moment.

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